Le secteur de la construction non résidentielle en Ontario aborde l'année 2025 avec un mélange unique d'optimisme et de prudence. Alors que les manchettes se concentrent souvent sur les booms du logement résidentiel ou les tendances à l'échelle nationale, la véritable histoire pour les entrepreneurs généraux en Ontario se déroule dans l'espace commercial, industriel et institutionnel (ICIC). Cette année, le secteur est façonné par un trio de forces puissantes : les réductions agressives des taux d'intérêt de la Banque du Canada, le renouvellement des menaces de tarifs américains et un paysage complexe et changeant pour les coûts des matériaux. Examinons les chiffres, les risques et les opportunités qui comptent le plus pour les constructeurs de l'Ontario.
Baisse des taux d'intérêt : Un soulagement, mais pas une panacée
Après une période d'inflation tenace, la Banque du Canada a opéré un virage radical en réduisant son taux directeur cinq fois de suite, dont deux fois de manière importante, soit de 50 points de base à chaque fois. Au troisième trimestre de 2024, le taux directeur se situe à 3,25 %. Pour les entrepreneurs non résidentiels de l'Ontario, il s'agit de bien plus qu'un simple titre : c'est un levier direct sur le financement de projets, la demande des clients et le coût du capital pour tout, des grues au béton.
Mais voici le rebondissement : bien que la baisse des taux commence à stimuler l'investissement, la transmission à l'activité de construction réelle est lente. Selon les Perspectives économiques d'hiver 2025 de l'Association canadienne de la construction, la construction non résidentielle en Ontario n'a augmenté que de 0,2 % au troisième trimestre 2024. C'est positif, mais c'est loin des augmentations post-pandémiques observées dans d'autres secteurs. La véritable action ? Les projets multirésidentiels et d'infrastructure, qui absorbent une grande partie des nouveaux investissements alors que les décideurs politiques se démènent pour faire face à la crise du logement.
Pour les entrepreneurs généraux, le message est clair : il faut s'attendre à un dégel progressif et non à un printemps soudain. Le financement devient plus facile, mais les clients restent prudents, et le pipeline des nouveaux projets commerciaux et institutionnels commence à peine à se remplir.
Menaces tarifaires : un déjà-vu qui se répète ?
Vous souvenez-vous des tarifs sur l'acier et l'aluminium de 2018? Le secteur de la construction de l'Ontario, lui, s'en souvient très bien. Ces tarifs de 25 % sur l'acier et de 10 % sur l'aluminium ont envoyé des ondes de choc dans l'industrie, faisant grimper les coûts des matériaux et paralysant les chaînes d'approvisionnement. Maintenant, avec une nouvelle administration américaine et les renégociations de l'ACEUM qui se profilent, le spectre de nouveaux tarifs est de retour sur la table.
Jusqu'à présent, la plupart des experts considèrent ces menaces comme des moyens de pression plutôt que comme une politique imminente. Mais le risque est réel. Le secteur non résidentiel de l'Ontario est particulièrement exposé : les plaques d'acier fabriquées, le béton prêt à l'emploi et d'autres matériaux importés sont essentiels pour tout, des tours de bureaux aux hôpitaux. Le rapport de l'ACC-CCA note que même la rumeur de tarifs douaniers peut déclencher une volatilité des prix, car les fournisseurs se prémunissent contre de futures perturbations.
Que doit faire un entrepreneur? Les entreprises les mieux gérées testent déjà la résistance de leurs chaînes d'approvisionnement, diversifient leurs fournisseurs et prévoient des imprévus en cas de pics de coûts soudains. Il ne s'agit pas seulement de surmonter la tempête, mais aussi de rester compétitif lorsque le ciel se dégage.
Coûts des matériaux : Un jeu de pouces (et de dollars)
Si vous attendez que les prix des matériaux se « normalisent », ne retenez pas votre souffle. L'indice des prix des produits industriels (IPPI) et l'indice des prix de la construction de bâtiments (IPCB) ont tous deux augmenté en 2024, bien que le rythme ralentisse. Pour l'Ontario, l'IPCB du troisième trimestre 2024 pour la construction non résidentielle a augmenté de 0,53 %, soit la plus faible augmentation depuis 2020, mais il s'agit tout de même d'une augmentation. Au cours des cinq dernières années, les coûts de construction non résidentielle au Canada ont augmenté de plus de 31 %.
Qu'est-ce qui motive ces chiffres? Pour les projets non résidentiels, tout tourne autour de l'acier, du béton et des composants spécialisés. Le rapport de l'ACC-CCA souligne que les entrepreneurs de l'Ontario sont confrontés à une double contrainte: alors que certains prix des matériaux (comme le bois d'œuvre) ont diminué, d'autres (comme le béton et l'acier fabriqué) restent obstinément élevés. Et comme les chaînes d'approvisionnement mondiales sont encore fragiles, même une perturbation mineure peut avoir des répercussions sur les budgets des projets.
Main-d'œuvre : Tensions, mais en évolution
La main-d'œuvre reste un défi permanent. Au troisième trimestre 2024, le secteur de la construction de l'Ontario a perdu 14 200 emplois, soit la plus forte baisse provinciale au Canada. Pourtant, le taux de chômage dans la construction est encore bien inférieur aux moyennes historiques, se situant autour de 5 %. Le paradoxe ? La demande de personnel qualifié reste forte, mais les ralentissements régionaux et les retards de projets créent des poches de relâchement.
Pour les entrepreneurs généraux, cela signifie deux choses : premièrement, ne vous attendez pas à ce que les pressions salariales disparaissent ; deuxièmement, soyez prêts à rivaliser pour attirer les talents lorsque les projets d'infrastructure et les projets multi-résidentiels s'intensifieront. Les meilleures entreprises investissent dans la formation, la fidélisation et la flexibilité de la dotation en personnel pour les projets afin de garder une longueur d'avance.
Quelle est la prochaine étape? Naviguer dans l'incertitude de 2025
Alors, où cela laisse-t-il le secteur de la construction non résidentielle de l'Ontario alors que nous avançons en 2025 ? Les perspectives sont mitigées, mais pas sombres. Voici ce qu'il faut surveiller :
- Taux d'intérêt : D'autres réductions sont possibles, mais ne vous attendez pas à une vague de nouveaux projets du jour au lendemain. Les effets seront graduels.
- Tarifs douaniers : Restez agile. Même la menace de nouveaux tarifs douaniers peut perturber les budgets et les échéanciers.
- Coûts des matériaux : Prévoyez une volatilité continue, en particulier pour l'acier et le béton. Intégrez des imprévus dans vos soumissions.
- Main-d'œuvre : Le marché reste tendu, mais les tendances régionales sont importantes. Investissez dans votre personnel.
Surtout, 2025 est une année de réflexion stratégique. Les entrepreneurs qui prospéreront seront ceux qui planifieront l'incertitude, investiront dans les relations (avec les fournisseurs et les travailleurs) et surveilleront de près les vents politiques qui soufflent d'Ottawa et de Washington.
Pour obtenir des données et des graphiques plus détaillés, consultez le document CCA-ACC Winter 2025 Economic Insights et les dernières statistiques sur la construction de Statistique Canada.
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