La révolution technologique de la construction au Canada : Adoption du BIM et transformation numérique en 2025
L'industrie canadienne de la construction se trouve à un tournant décisif. Alors que le secteur contribue à hauteur de 7,5 % au PIB du pays et emploie plus de 1,6 million de Canadiens, il est confronté à un défi fondamental : comment se moderniser assez rapidement pour répondre à une demande sans précédent tout en remédiant aux pénuries chroniques de main-d'œuvre et aux problèmes de productivité. Les chiffres sont éloquents. Selon une enquête inédite menée par KPMG en 2025 auprès de 265 dirigeants canadiens du secteur de la construction, 90 % d'entre eux conviennent que de meilleurs outils tels que l'IA, l'analytique, la BIM et les jumeaux numériques peuvent accroître l'efficacité et l'efficience de la main-d'œuvre, contre 86 % il y a tout juste deux ans. Mais voici le hic : malgré ce consensus écrasant, le Canada est encore à la traîne par rapport à d'autres nations développées en ce qui concerne la mise en œuvre réelle de la technologie.
Le fossé de l'adoption de la BIM : où en est le Canada ?
La modélisation des données du bâtiment (BIM) est l'outil idéal pour examiner le parcours de transformation numérique du Canada. Une étude de l'Université de Calgary révèle que **le taux d'adoption de la BIM au Canada est nettement inférieur à celui des États-Unis et du Royaume-Uni**-un écart qui coûte cher à l'industrie en termes de productivité et de compétitivité. Qu'est-ce qui rend cette situation particulièrement frappante ? Les avantages fonctionnels sont clairs comme de l'eau de roche. Lorsqu'on a interrogé des experts canadiens de la BIM sur les améliorations les plus importantes résultant de la mise en œuvre de la BIM, les résultats ont été sans ambiguïté :
- Détection des conflits : 95 % des personnes interrogées ont estimé que cet aspect avait un impact majeur ou important.
- Amélioration de la constructibilité : 88% ont vu des avantages importants
- Optimisation du séquençage du travail : 77% ont enregistré des gains significatifs
Il ne s'agit pas d'améliorations marginales, mais de changements qui ont un impact direct sur les délais, les budgets et la qualité des projets.
Des gains de performance qui comptent pour votre chiffre d'affaires
Au-delà des améliorations fonctionnelles, les avantages en termes de performances sont encore plus convaincants. Les professionnels canadiens de la construction qui mettent en œuvre la BIM font état de gains substantiels dans des domaines qui affectent directement la rentabilité :
- Réduire les retouches : 83% des participants à l'enquête ont noté des améliorations majeures
- Amélioration de la qualité : 83 % ont constaté des gains de qualité significatifs
- Amélioration de la communication : 79% ont bénéficié d'une meilleure coordination des projets
Pensez à ce que cela signifie pour un projet commercial typique. La réduction des retouches peut à elle seule permettre d'économiser 5 à 15 % du coût total du projet, tandis que l'amélioration de la communication peut réduire les délais de 10 à 20 %. Pour un projet de 10 millions de dollars, nous parlons d'économies potentielles de 500 000 à 1,5 million de dollars.
L'essor des investissements technologiques : Quels sont les moteurs du changement ?
La pression pour investir dans la technologie a atteint un point critique. 81 % des entreprises de construction canadiennes déclarent que leurs récents investissements technologiques font déjà une différence en termes de productivité. Il ne s'agit pas d'un vœu pieux, mais d'un impact mesurable. Ce qui est particulièrement intéressant, c'est la façon dont les demandes des clients remodèlent le paysage. 78 % des dirigeants du secteur de la construction affirment que les processus d'approvisionnement changent pour encourager l'innovation et l'adoption du numérique, tandis que 43 % indiquent que leurs clients jouent un rôle "très influent" dans les décisions relatives à l'adoption de la technologie. Cette transformation axée sur le client représente un changement fondamental. Les entrepreneurs ne peuvent plus considérer la technologie comme une commodité ; elle devient une condition sine qua non pour remporter et exécuter des projets avec succès.
La pénurie de main-d'œuvre : La technologie comme grand égalisateur
C'est ici que l'histoire devient vraiment intéressante. Le secteur de la construction au Canada est confronté à un gouffre démographique imminent. Près des trois quarts (73 %) des dirigeants du secteur de la construction s'attendent à ce qu'il devienne "de plus en plus difficile" de répondre à la demande au cours des cinq à dix prochaines années, notamment parce que les départs à la retraite sont plus nombreux que les recrutements. Les chiffres donnent à réfléchir : selon BuildForce Canada, plus de 245 100 travailleurs de la construction devraient prendre leur retraite d'ici 2032, ce qui créerait une pénurie d'un peu plus de 61 400 travailleurs. Par ailleurs, 78 % des entreprises sont actuellement confrontées à une pénurie de travailleurs qualifiés, même si ce chiffre s'est légèrement amélioré par rapport aux 90 % enregistrés en 2023. La technologie ne fait pas que rendre le travail plus efficace, elle devient essentielle pour faire plus avec moins de personnel. 56 % des entreprises de construction accordent la priorité aux technologies qui créent des chaînes d'approvisionnement axées sur la demande, tandis que 53 % se concentrent sur la préfabrication et la modularisation comme moyens de déplacer le travail des chantiers vers des environnements d'usine contrôlés.
La révolution de l'IA et de l'automatisation
L'intelligence artificielle et l'automatisation ne sont plus des concepts futuristes, ce sont des réalités actuelles qui remodèlent le mode de fonctionnement des entrepreneurs canadiens. 53 % des répondants à l'enquête accordent la priorité à l'IA et aux logiciels pilotés par l'IA, reconnaissant leur potentiel de transformation dans tous les domaines, de la planification de projet à la maintenance prédictive. L'adoption de la robotique gagne également du terrain, 40 % des entreprises explorant la robotique, les drones et les exosquelettes. Ces technologies ne remplacent pas les travailleurs, elles augmentent les capacités humaines et améliorent les résultats en matière de sécurité. Un entrepreneur général de l'Alberta a expliqué comment un logiciel de planification alimenté par l'IA a permis de réduire de 60 % le temps de planification de son projet tout en améliorant la précision. "Nous sommes passés de trois semaines à quelques jours pour établir des calendriers complexes", a expliqué le chef de projet. "L'IA détecte les conflits et les optimisations qui prendraient des heures à notre équipe pour les identifier manuellement.
Faire tomber les barrières : Qu'est-ce qui retient le Canada ?
Malgré les avantages évidents et l'adoption croissante, des défis importants subsistent. L'étude de l'Université de Calgary a identifié plusieurs obstacles majeurs :
- Problèmes d'interopérabilité : Des applications logicielles différentes avec des formats de données incompatibles créent des frictions dans les flux de travail collaboratifs. La norme Industry Foundation Classes (IFC) s'est améliorée, mais des lacunes persistent.
- Inquiétudes concernant la propriété des données : Les désaccords sur la propriété des données BIM et les droits de propriété intellectuelle créent des complications contractuelles qui ralentissent l'adoption.
- Désalignement de la méthode de réalisation du projet : Les méthodes traditionnelles de conception-soumission-construction ne permettent pas la collaboration précoce qu'exige la BIM. Les méthodes de conception-construction et de réalisation de projets intégrés donnent de bien meilleurs résultats pour la mise en œuvre de la BIM.
- Lacunes dans les connaissances : Les organisations de propriétaires ne comprennent souvent pas les avantages de la BIM, ce qui crée une résistance aux exigences technologiques dans les cahiers des charges des projets.
La révolution des marchés publics : Changer la façon dont les projets sont construits
C'est ici que les choses deviennent vraiment passionnantes pour les entrepreneurs avant-gardistes. Le paysage de l'approvisionnement évolue rapidement, 78 % des dirigeants du secteur de la construction déclarant que les processus d'approvisionnement changent pour encourager l'innovation et l'adoption du numérique. Les clients gouvernementaux, en particulier, commencent à exiger la BIM pour les grands projets. La feuille de route du gouvernement fédéral sur la maturité de la BIM à l'échelle, élaborée par le Conseil national de recherches, fournit une stratégie complète pour faire progresser la transformation numérique dans l'ensemble de l'industrie canadienne de la construction. Cette évolution crée un avantage concurrentiel pour les entrepreneurs qui investissent tôt dans les capacités technologiques. Comme l'a fait remarquer un entrepreneur général de Toronto : Nous remportons des projets non seulement en raison de nos prix, mais aussi parce que les clients considèrent nos capacités BIM comme un moyen d'atténuer les risques. Ils savent que nous produirons des résultats plus prévisibles.
Variations régionales : Une histoire de marchés différents
L'adoption de la technologie n'est pas uniforme au Canada. L'Ontario et la Colombie-Britannique sont les chefs de file de la mise en œuvre de la BIM, en raison des grands projets urbains et des exigences progressives des clients. Le secteur de l'énergie de l'Alberta a été un moteur important des technologies de modélisation avancées, tandis que le Canada atlantique rattrape rapidement son retard grâce à l'augmentation des investissements dans les infrastructures. L'idée clé ? Les conditions du marché régional influencent considérablement les taux d'adoption des technologies**. Les entrepreneurs opérant dans plusieurs provinces ont besoin de stratégies qui tiennent compte de ces variations tout en développant des capacités technologiques évolutives.
Regarder vers l'avenir : La feuille de route technologique 2025-2030
Les cinq prochaines années seront porteuses de transformations pour les technologies de la construction au Canada. Plusieurs tendances convergent pour en accélérer l'adoption :
- Jumeaux numériques et intégration de l'IdO : La surveillance en temps réel et l'analyse prédictive deviendront la norme dans les grands projets.
- La préfabrication à l'échelle : 53% des entreprises font de la préfabrication une priorité absolue, en raison de la pénurie de main-d'œuvre et des exigences de qualité.
- La cybersécurité en point de mire : Avec l'adoption croissante du numérique, la protection des données sensibles des projets devient cruciale. Les sociétés d'ingénierie et les fournisseurs accordent la priorité aux technologies de cybersécurité.
- Harmonisation interprovinciale : 84 % des dirigeants du secteur de la construction souhaitent l'élimination des barrières commerciales interprovinciales, ce qui pourrait accélérer la normalisation des technologies entre les provinces.
Mesures pratiques pour les entrepreneurs généraux
- Que devraient donc faire les entrepreneurs généraux canadiens avec cette information ? Voici des stratégies réalisables basées sur la recherche :
- Commencez par les principes fondamentaux de la BIM : Si vous n'avez pas encore mis en œuvre la BIM, commencez par la détection des collisions et la coordination 3D. Le retour sur investissement est immédiat et mesurable.
- Investir dans la formation : La technologie ne vaut que ce que valent les personnes qui l'utilisent. La mise à niveau de votre personnel est essentielle pour tirer parti des avantages de la technologie.
- Choisir des systèmes compatibles : Privilégiez les solutions logicielles qui s'intègrent bien aux normes industrielles communes afin d'éviter les problèmes d'interopérabilité.
- Impliquer les clients dès le début : Sensibilisez vos clients aux avantages de la technologie et incluez les exigences de la BIM dans vos propositions de projet.
- Prévoir l'évolutivité : Choisissez des plateformes technologiques capables d'évoluer avec votre entreprise et de s'adapter à l'évolution des exigences du projet.
L'avantage concurrentiel d'une adoption précoce
Les données sont claires : les entreprises de construction canadiennes qui adoptent la technologie dès maintenant bénéficieront d'avantages concurrentiels importants à mesure que l'industrie poursuivra sa transformation numérique. 87 % des dirigeants du secteur de la construction reconnaissent que l'industrie a besoin de technologies nouvelles et avancées pour répondre à la demande de logements, et ceux qui agissent en premier en tireront la plus grande valeur. La fenêtre de l'avantage concurrentiel par l'adoption de la technologie se rétrécit, mais elle ne s'est pas refermée. Les entreprises qui investissent stratégiquement dans le BIM, l'IA et les technologies d'automatisation aujourd'hui seront les mieux placées pour prospérer dans le paysage évolutif de la construction au Canada. Alors que l'industrie est aux prises avec des pénuries de main-d'œuvre, des exigences d'efficacité de la part des clients et la nécessité de construire plus de logements plus rapidement, la technologie n'est pas seulement une option - elle est en train de devenir le fondement d'une réussite commerciale durable dans le secteur de la construction au Canada. La transformation numérique de l'industrie de la construction s'accélère. La question n'est pas de savoir s'il faut adopter les nouvelles technologies, mais plutôt de savoir à quelle vitesse on peut les mettre en œuvre efficacement. Pour les entrepreneurs généraux canadiens, c'est maintenant qu'il faut agir.
Sources :
- KPMG in Canada Construction Survey 2025 (265 répondants)
- Université de Calgary Recherche sur la mise en œuvre de la BIM
- Analyse du marché du travail de BuildForce Canada
- Feuille de route du Conseil national de la recherche sur la maturité de la BIM
- Données sur l'industrie de la construction de Statistique Canada
- Rapports de l'Association canadienne de la construction sur l'industrie